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Mon PAssuly
27 juillet 2012

Groenland et fonte des glaces

Est-ce le début de la fin ? Le Groenland vient de perdre une île de la taille de la ville de Paris... La fin du monde annoncée par les adeptes du réchauffement climatique semble donc bien se réalisée. Bon en réalité pas pour tout de suite, mais il est intéressant de noter que cette perte de glace, quand même non anodine, n'a pas été réellement relayée dans les médias télévisés. Du coup, seuls ceux qui lisent la presse - et internet, se rendent compte réellement de ce qui se passe. Si la nouvelle peut être alarmiste, les spécialistes ne sont pas pour le moins alarmés. Voici dans le détail ce qui c'est passé, et qui est rapporté par le Nouvel Obs. 

Entre le 8 et le 12 juillet, la surface de la calotte glaciaire du Groenland touchée par la fonte est passée de 40% à 97%. C’est ce qu’ont révélé les satellites de la Nasa. Une fonte record, jamais observée depuis 30 ans d’observation satellitaire. Déjà, quelques jours auparavant, un iceberg de la taille de Paris s’était détaché d’un glacier. Pour autant, ce n’est pas une catastrophe à impact planétaire, du style "Le Jour d’après". Il faut relativiser. Sur une année, l’accumulation de la neige en surface au Groenland est d’environ 650 gigatonnes. Cette masse de neige provient de l'évaporation de l'eau de mer, ce qui équivaut à retirer un peu moins de 2 millimètres d'eau à la surface de l'océan mondial. Dans la même année, environ 250 gigatonnes de glace ou de neige groenlandaise fondent et à peu près autant arrivent dans l'océan sous forme d'icebergs. Au bout de chaque année, le bilan est donc légèrement excédentaire. Cette année, la fonte record en surface fera que le bilan sera peut-être déficitaire, sans être catastrophique. Si l'été groenlandais continue à être aussi chaud cette année, il faut tabler sur un déficit de l'ordre de 100 à 200 gigatonnes, soit une élévation du niveau moyen des mers d'environ un à deux tiers de millimètres. On est très loin d'une situation pour laquelle toute la calotte fondrait d'un seul coup, avec une augmentation moyenne du niveau de la mer de l’ordre de 7,1 mètres. Pour l’instant, il n’est pas question de construire des digues en catastrophe. Si l’on peut s’attendre à ce que le Groenland disparaisse, ce ne sera pas avant plusieurs centaines voire milliers d’années. Cette fonte reste cependant exceptionnelle. Avec une équipe de chercheurs de l'université de Liège, j’ai travaillé sur un modèle climatique régional, au niveau de la région du Groenland. Nous avons observé les évolutions météorologiques sur les 50 dernières années et, avec notre modèle, nous avons reconstruit à partir de celles-ci une estimation du climat actuel du Groenland, y compris les accumulations annuelles de neige. En faisant de même avec les évolutions météorologiques simulées par les modèles globaux pour le futur, nous avons estimé les évolutions climatiques futures du Groenland. Le fait qu’une surface de plus en plus grande du Groenland entre en fonte ces toutes dernières années n’est pas forcément un signe du réchauffement climatique. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que ces fontes des glaces sont dues à un changement de circulation atmosphérique dans la région arctique. On constate que la NAO (acronyme de l’anglais North-Atlantic Oscillation, soit oscillation nord-atlantique), qui calcule la différence de pression entre Reykjavik, en Islande, et Lisbonne, au Portugal, est négative depuis début juin, ce qui entraîne un été chaud sur le Groenland et paradoxalement un été pourri sur l'Europe du nord. Mais l’on ne sait si cela est dû au réchauffement climatique ou à des variations naturelles. C’est pour cela qu’il faut surveiller ça de près, en suivant un principe de prévention. Il existe ainsi un projet européen où des chercheurs tentent de calculer l’augmentation du niveau moyen de la mer sur les 200 prochaines années. C’est important, car l’élévation du niveau des océans implique des travaux conséquents, des déplacements de population. La Grande-Bretagne, par exemple, a besoin de savoir si elle devra construire un nouveau barrage dans l'estuaire de la Tamise pour protéger Londres des inondations. C’est à partir de ce type d’observations, permettant de simuler au mieux le changement climatique ayant cours en Arctique et de faire des projections, que les politiques peuvent prendre leurs décisions en connaissance de cause. Même si les prévisions ne sont pas exactes, il est de notre devoir de les prévenir. La fonte des glaces doit obéir au même système de prévention que les tremblements de terre. Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas quand aura lieu un tremblement de terre qu’il ne faut pas dire quelle région est susceptible d’être touchée et quelle magnitude peut être atteinte. A retrouver dans le Nouvel Obs

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