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Mon PAssuly
13 mars 2017

Affaiblir les médias américains

Trump a exploité les angoisses sociales des électeurs. Il exploite maintenant celles des journalistes américains. Les «médias de gauche» américains sont depuis longtemps un des punching ball préférés de Donald Trump. Ce n’était donc pas une surprise mercredi 11 janvier, de voir Trump utiliser sa première conférence de presse depuis l’élection pour s’attaquer à CNN et BuzzFeed en raison de leur couverture d’un dossier rempli d’affirmations non-vérifiées sur sa relation au gouvernement russe. Le spectacle a commencé avant même que Trump ne monte sur scène, lorsque le nouveau porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer a décrit la publication du contenu du dossier par BuzzFeed comme «franchement scandaleuse et tout à fait irresponsable». Il a poursuivi en caractérisant les reportages de BuzzFeed et CNN de «tentative pathétique et triste de faire du clic» et de «chasse aux sorcières politique» «franchement honteuse et scandaleuse». Le second à s’exprimer a été le vice-président élu Mike Pence, qui s’est plaint de la «décision irresponsable» de BuzzFeed, décision qui selon lui «ne peut être attribuée qu’au parti pris des médias». Finalement, Trump lui-même est arrivé et est tombé sur ses vieux ennemis dans les médias. Il les a trouvés «si professionnels, si incroyablement professionnels que mon estime de vous vient de monter d’un cran, OK?» Attendez... Quoi? Oui, Trump a bien débuté sa conférence en flattant les journalistes réunis autour de lui, c’est à dire les journalistes dont les employeurs n’avaient pas publié le contenu du dossier. «Je respecte beaucoup la presse et j’ai un grand respect pour la liberté de la presse et tout ça». Il a même fait l’éloge du New York Times en particulier, remerciant le journal d’avoir écrit que le rapport «n’aurait même pas dû être imprimé car il ne vaut même pas le prix du papier sur lequel il est imprimé». Peu importe que le New York Times n’ait pas réellement dit ça… Les mots de Trump étaient d’ordre tactique, pas littéral et son objectif est devenu clair lors des questions-réponses: isoler et punir les deux organes de presse dont il avait trouvé la couverture du dossier inacceptable. Cela a fonctionné. On a tant et si bien jeté l’anathème sur BuzzFeed qu’à la fin de la conférence de presse, leurs condisciples prenaient leurs plateaux-repas pour s’éloigner d’eux jusqu’à l’autre bout de la cafétéria. «Je peux comprendre pourquoi le président élu Trump pourrait être fâché» contre BuzzFeed a déclaré Jake Tapper, de CNN, lui-même co-auteur du long reportage qui venait d’être attaqué lors de la conférence de presse. «A sa place je serais fâché moi aussi.» Trump a exploité les faiblesses de la presse, pas seulement sa tendance à se regarder le nombril, mais aussi ses inquiétudes sociales. Il a notamment exploité le désir intense des organes de presse traditionnels d’être perçus comme sobres et objectifs, et d’être donc respectés par les conservateurs comme par les progressistes. Un impératif commercial est ainsi devenu une injonction éthique. Après avoir démoli les documents («fake news»), Trump a poursuivi en traitant BuzzFeed de «tas d’ordures raté» qui «va subir des conséquences». Puis il a commencé à disséquer le reportage de CNN et était en train de le désigner comme «une honte» pour laquelle la chaîne «devrait présenter ses excuses» lorsque Jim Acosta de CNN a posé une question. Voici l’échange qui a eu lieu.

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